Comment obtenir la Meilleure Netteté dans tes Photos (Focus Stacking)
Definition & intérêt
Dans le passé j’ai couvert une technique qui nous permet de garantir la plus grande profondeur de champ possible en fonction d’une ouverture de diaphragme, une longueur focale et d’un appareil photo donné (taille du capteur): La Distance Hyperfocal. Cette technique comporte tout de même quelques inconvénients :
- Il faut être précis avec la distance de mise au point ce qui peut s’avérer être délicat.
- En ce qui concerne la netteté de la Profondeur de Champ est considérée acceptable ce qui ne veut pas dire forcément la meilleure.
- La profondeur de champ peut dans certains cas commencer trop loin dans la scène que l’on souhaite photographier.
Pour ces raisons, on va avoir recours a la technique du Focus Stacking, qui signifie empilement de mise au point en anglais. Le Focus Stacking consiste à prendre plusieurs clichés en variant la distance de mise au point tout en maintenant une même exposition. Une fois obtenus, il nous faut les traiter dans un logiciel comme Photoshop qui va nous permettre de les fusionner en gardant uniquement les meilleures zones de netteté.

Scène d'exemple
Pour illustrer cette technique, j’ai décidé de photographier un mur qui nous mène au château de Tantallon à 20km d’Édimbourg en Écosse. Dans le cas présent je veux inclure une partie du mur qui est très proche de mon appareil. La problématique est que cette zone de proximité est située avant le début la Profondeur de Champ si j’utilise la technique de La Distance Hyperfocale . En effet avec mon objectif à 35mm, une Ouverture de f13 et mon appareil plein format Canon 5DIV, la PDC ne commencerait qu’à 1.95m. Si je décide de faire la mise au point sur le proche mur, alors le château serait flou. Il me faut donc uiltiser le Focus Stacking.
Prises de vue
Il est important de comprendre qu’à moins qu’il y est des changements de luminosité dramatiques durant tes prises de vue, tu ne dois pas changer ton exposition. Seule la distance de mise au point change. C’est pour cela qu’il est recommandé d’utiliser le mode manuel de ton appareil photo. Ici j’ai décidé d’utiliser ISO200, F11, 1/50s. En toute honnêteté j’aurais pu utiliser une ouverture de f16, car mon objectif est d’excellente qualité, mais ceci n’est peut être pas ton cas et au de la de f11 tu souffrirais trop de la diffraction.
Pour la première photo, je vais effectuer la mise au point sur le mur, au plus proche de mon appareil.

Pour la deuxième prise de vue, je déplace le collimateur légèrement plus loin le long du mur.

Remarque à quel point la lumière a changé depuis la 1re prise, ceci va avoir de l’importance plus tard. J’ai même changé mon exposition à 1 arrêt plus lent (1/25s au lieu de 1/50s) mais ceci ne m’a pas permis de récupérer le fort contraste et les couleurs chaudes qu’on a quand le soleil n’est pas derrière un nuage.
Pour le troisième cliché. Je fais la mise au point encore plus loin. Et ainsi de suite jusqu’à je ce qu’arrive à la distance infinie (indiquée sur l’échelle des distances de mon objectif, généralement autour de 10m). Si tu te demandes combien de prises de vue tu dois faire, ceci dépend vraiment de la scène que tu souhaites capturer et de la distance entre tes éléments. Ici comme je voulais inclure la zone treks proche de mon appareil photo et que le château est très loin, j’ai voulu garantir le meilleur résultat en prenant 5 clichés. Cela dit comme on va le voir, je vais finir pas ne pas tous les utiliser.



Traitement dans Adobe Lightroom
Une fois que tu as effectué toutes les prises de vue nécessaires, il est temps d’aller dans Adobe Lightroom. Depuis Lightroom, on voit très bien que les conditions lumineuses ont été inconsistantes durant les prises de vue. Il est d’ailleurs impossible d’utiliser le 2e cliché pour ce Focus Stacking. J’ai également décidé de ne pas utiliser la 5e prise de vue, car le château était sombre et qu’il n’y avait pas un véritable gain de netteté entre la photo 4 et 5.

Développement des prises de vue
La première étape dans Adobe Lightroom consiste à développer un des clichés capturés. Une fois fait, il te suffit d’appliquer ces traitements a tous les autres clichés, grâce à la fonction de synchronisation.

Une fois les traitements synchronisés je recommande tout de même de lancer une synchronisation de l’exposition afin de s’assurer que la luminosité et les tons sont identiques dans toutes les photos. Ceci se fait facilement depuis Lightroom.

Export vers Adobe Photoshop
Il est enfin temps de passer dans Adobe Photoshop. Si ton ordinateur n’est pas très puissant et galère à avoir plus d’un fichier RAW d’ouvert, je t’invite à exporter tes photos en JPEG avant de continuer le traitement dans Photoshop.
Depuis Lightroom, tu ouvres tes photos dans Photoshop en tant que calques afin d’avoir un seul fichier.

Fusion des prises de vue dans Photoshop
Photoshop va nous permettre de fusionner les photos une fois développées. La première étape consiste à s’assurer que l’ordre des photos/claques dans Photoshop correspond à celui des prises de vue. Personnellement, je préfère que la photo en haut de l’empilement, soit celle-là mise au point a été faite au plus loin, car ceci simplifie le traitement qui suivent.
Le souffle de la mise au point
Il est bon de savoir qu’avec la majorité des objectifs, la longueur focale change légèrement quand on effectue la mise au point; également pour les lentilles fixes. C’est ce qu’on appelle le Focus Breathing en anglais (le souffle de la mise au point). C’est pour cela qu’il est nécessaire d’effectuer un alignement des claques avant de lance leur fusion. Cette action est simple dans Photoshop.


Recadrage des prises de vue
Une fois l’alignement complété, je te suggère d’effectuer un recadrage afin de retirer la partie transparente du calque du haut qui est plus petit que les autres (cf. souffle de la mise au point). Remarque l’espace transparent autour du calque supérieur.

Fusion automatique des prises de vue
Donc on a les 3 calques bien alignés, on est maintenant prêt pour les fusionner. On a deux possibilités pour s’y prendre. Voyons tout d’abord la méthode automatique que propose Photoshop.



On peut voir ce qui s’est passé dans le panneau des calques. Photoshop a créé des masques de fusions. Cependant, l’outil est censé détecter les parties les plus nettes (constatées) mais curieusement il ne fait pas une sélection linéaire et pioche des zones éparpillées.

Si quand on regarde la photo ci-dessus on ne détecte pas grand-chose de louche, en zoomant on peut apercevoir les défauts de cette méthode.

Fusion manuelle des prises de vue
Regardons maintenant la méthode de fusion manuelle. Elle n’est guère plus compliquée que celle automatique. Il suffit d’identifier les zones les plus nettes dans chaque calque et utiliser des masques de fusion pour les révéler et cacher les autres. C’est pour cela que l’ordre des calques est important. Ainsi il te suffit d’utiliser la brosse avec la couleur noire pour cacher les zones non nettes. Je te conseille de zoomer à 100% et de jouer avec l’icône de l’oeil pour afficher et cacher chaque calque afin de voir où la netteté change.

Une fois la fusion terminée et le travail sauvegardés, tu peux comparer le résultat dans Lightroom. Il est intéressant de comparer la 1re prise et le résultat du Focus Stacking. Comme tu peux le voir, non seulement tu as le devant de scène parfaitement nette (comme dans la 1re prise de vue, mais après la fusion, le château est bien plus net.


Conclusion
En conclusion, on peut dire que cette technique offre un résultat très intéressant. Alors certes, tu pourrais l’utiliser dans toutes les situations de paysage. Cela dit, en as-tu vraiment besoin? La réponse est surement non. Elle n’a vraiment d’intérêt que si tu souhaites inclure en premier plan une partie de ta scène qui se situe très proche de ton appareil photo. Personnellement, ce n’est pas un scénario que je rencontre souvent, car j’ai l’habitude de photographier à 24mm au plus large et donc cette focale ne se prête pas souvent à inclure un devant de scène proche. En effet, si tu utilises un ultra grand-angle, un objectif dont la longueur focale est inférieure a 18mm sur un plein format, alors tu auras surement tendance a inclure ce devant de scène. Il est vrai que plus la longueur focale est petite plus grande est la profondeur de champ, mais ceci diminue en fonction de la distance entre le sujet et le capteur. Et plus on a une focale courte plus on a tendance a se rapprocher de son sujet.
Bien sûr je t’invite non seulement à t’exercer avec les fichiers RAW que j’ai utilisés dans ce tutoriel, mais aussi a aller tester par toi-même cette technique sur le terrain. Dis-moi dans un commentaire comment tu as trouvé ce tutoriel. Utilisais-tu déjà cette technique avant et si non, est-ce que tu penses en avoir l’utilité dans le futur.
Commentaires
Bonjour,
Il y a comme un problème: la grandeur change selon la mise au point.
Ca fonctionne avec un grand angulaire, mais avec un télé ?
Merci Peyrou pour ton commentaire. J’avoue ne pas comprendre ce que tu veux dire par ” la grandeur change selon la mise au point”. Peux tu m’expliquer afin que je puisse répondre au mieux a ta question.
Selon la mise au point les objets photographiés n’ont pas exactement la même grandeur ?
P.S. Ce logiciel que vous utilisez existe-t’il sur photoshop CS5 ?
Merci.
OK tu veux parler du grossisement lie a la focale. C”est correcte mais ce n’est pas de beaucoup. comme tu peux le voir, il ne s’agit que de 1-2mm.
Par logiciel tu veux dire la fonction, j’avoue ne pas le savoir il te faut tester. En tout cas, comme je le preconise, la methode manuelle existe depuis la version 1 de PS.
Salut;
je fais beaucoup de macro et me sers de ce système tout le temps pour voir la plus large netteté possible. Je laisse faire photoshop automatiquement puis j’ajuste manuellement si je vois de drôles de trucs. J’ai une petite question : moi lorsque je lance la chose, à la fin il m’affiche un dernier claque qui est le résultat ? par exemple là il aurait mis une quatrième calque en haut ! c’est pas gênant mais bizarre cela m’arrive depuis une mise à jour de photoshop. En tout cas bravo pour ton travail A+ Michel
Merci Michel pour ton temoignage et ta question. La raison pour laquelle tu as une nouveau calque cree, c’est par ce que tu gardes la 2e option cochee dans la fenetre d’empilement. Si tu decoche, et tu devrais, alors tu n’as que les nouveau masques de fusion qui sont ajoutes.
Bonjour Monsieur,
Vos présentations sont agréables. J’utilise le focus stacking (FS) régulièrement. Je me permets d’apporter à l’édifice quelques remarques.
Sous PS CC le process reste perfectible…mais l’est aussi sous des pgm dédiés (Helicon). Des zones de flou aléatoires y subsistent. La correction manuelle est requise, (modifs masques ou images patches + masques). Les ouvertures que j’utilise sont au grand maximum de f6.3 ou f7.1. et le nombres de pdv est important généralement, avec des mise au point jusqu’au bout du plan, manuelles. La raison principale d’utilisation d’ouvertures modérée à presque grandes, est la diffraction. Personne n’y échappe…d’autant la taille des capteurs grands et très grands et la résolution offerte au prorata des photosites.
Le traitement des lointains – voile atmosphérique + diffraction – se résolve par des vues séparées des éléments à faire ressortir, ( ce qui est coutumier par l’utilisation de focale différente et inclusion dans l’image finale .
Pour ce qui est de la remise au cadre que vous effectuez , je ne l’applique pas cette méthode, car le nombre de pdv est trop important, les risques de non ajustement de l’objet principal sont réels. seules les calques sont ajustés. Les résultats obtenus en cochant la case “Zones transparentes…” sont correctes. Mais l’inspection approfondie du fichier est pleinement recommandée. Des surprises de dernières minutes ne sont pas exclues.
Il est de fait assez délicat d’obtenir un résultat honorable sur des paysages, risques d’éléments en mouvement, etc. L’utilisation du FS, permet d’accroitre significativement la perception de netteté sur tout le champ, sans craindre la diffraction. L’utilisation d’un grand angle en FS (je ne qualifie pas le 35 mm comme un grand angle), peut de facto minimiser les premiers plans– images vides– ou plus généralement les rendent omni-présents par la surface qu’ils occupent. Là, c’est question de goûts et de cahier des charges, (discutables).
Enfin, suivant les process FS, les résultats peuvent changer. C’est quelques fois surprenant.
Tout de bon à vous, très cordialement, P.Callet
Merci Pascal pour le commentaire/temoignage. J’avoue que si tu fais du Focus Stacking pour paysage, tu te compliques la vie avec des ouvertures aussi grandes sans vraiment avoir un gain en retour. Tu peux aisément utiliser f11 sans diffraction avec les objectif de nos jours. Ceci réduira le nombre de prose de vue sans perte de qualité.